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Libération
Critique

Vietnam, théâtre de guerre

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Napalm . Peter Brook restaure son brûlot pacifiste de 1968.
publié le 8 octobre 2012 à 20h16
(mis à jour le 10 octobre 2012 à 7h34)

Londres, 1967. Peter Brook a monté l'année précédente avec des acteurs de la Royal Shakespeare Company une pièce sur la guerre du Vietnam, baptisée US. Ils décident de prolonger l'expérience par un film. Tourné en quelques semaines, sorti en 1968, Tell Me Lies sera privé de projection à Cannes pour cause d'annulation du festival. Une mention spéciale du jury à la Mostra de Venise ne suffit pas à lui asssurer sa sortie en salles. En 2011, le grand metteur en scène décide de s'attaquer à la restauration de cet élément maudit de son œuvre. Boulot compliqué mais convaincant : Tell Me Lies est un ovni cinématographique. La première séquence semble augurer une bonne purge de cinéma militant. Un type rentre chez lui à Londres, obsédé par une photographie dans un magazine, celle d'un enfant vietnamien, brûlé au napalm, porté par sa mère. Une image qui le hante et détermine son engagement sur le thème «impossible de rester les bras croisés devant de telles horreurs».

Les poncifs ne sont pourtant pas au rendez-vous. Question de forme d’abord : même si le film reprend des éléments du spectacle qui l’a précédé, ce n’est pas du théâtre filmé. Il avance sur le double terrain du documentaire et de la fiction, sans dire sur quel pied il danse. Ainsi ne sait-on pratiquement jamais si les personnes interrogées au fil des séquences sont de «vrais gens» ou des acteurs. Il faut être un spécialiste de géopolitique des années 60 pour identifier des personnalités telles qu