En cherchant à toute force à provoquer un scandale retentissant, on prend toujours le risque du ridicule. C'est le piège dans lequel est tombé, et pas à moitié, Lee Daniels, galvanisé par les réactions courroucées qu'avait provoquées son Precious et qui a manifestement voulu transformer le dernier Festival de Cannes en champ de bataille à son sujet. Or, l'affaire s'est dégonflée comme une montgolfière percée de toutes parts avant la fin de la projection. La faute en revient entièrement au cinéaste qui a tout misé sur une poignée de scènes pataudes lourdement labellisées «trash», et faisant preuve pour le reste de sa mise en scène d'une paresse à peu près totale.
Paperboy est le récit d'un fait divers qui s'est déroulé dans la Floride des années 60 que l'écrivain Pete Dexter avait utilisé pour écrire un roman dont le film est tiré. Un répugnant bouseux vivant dans les marais (John Cusack, qui a beaucoup travaillé son regard reptilien) moisit en prison pour un meurtre épouvantable dont tout le monde semble penser qu'il doit en être tenu responsable. Tout le monde sauf sa fiancée, une excentrique peroxydée d'un certain âge dont chaque geste lascif est susceptible de déclencher une émeute. Dans un jeu érotique pervers, la petite dame campée sans ménagement par Nicole Kidman (qui pensait tenir ici le rôle de sa vie) a le don de tomber amoureuse de taulards en surchauffe libidineuse, histoire de pimenter la notion d'amour courtois. Cette fois, l'affaire est sérieu