Un fauteuil en osier, un collier de perles… L'imaginaire érotique d'une époque tient dans ces deux fétiches. En 1974, dans la France giscardienne, fille de la prospérité économique et de la libération sexuelle, Sylvia Kristel devient une icône sexuelle du jour au lendemain. Grâce à un film, Emmanuelle, et à un corps parfait, qu'elle offre aux regards avec une forme d'innocence, incarnation de la femme libérée du péché. Emmanuelle est un film de novices : le producteur, Yves Rousset-Rouard, le réalisateur, Just Jaeckin, pape du spot publicitaire, le compositeur Pierre Bachelet, et bien sûr l'actrice principale, mannequin sans expérience des plateaux, tous sont débutants. Quant au casting, il est du genre hétéroclite : l'acteur de théâtre belge Patrick Bauchau, qu'on reverra chez Wenders, le vétéran Alain Cuny, fidèle de Claudel (il exigera que son nom disparaisse du générique), Christine Boisson, future égérie du cinéma d'auteur (Garrel, Antonioni)…
Diplomate. Le seul argument pour accrocher le spectateur, en dehors de l'affiche de rêve, c'est la sulfureuse réputation du roman adapté. Publié en 1959 et aussitôt interdit, il circule sous le manteau et vaut à son éditeur, Eric Losfeld, procès sur procès. L'auteur en est Emmanuelle Arsan, pseudo d'une princesse thaïlandaise mariée à un diplomate français, qui est probablement le véritable auteur de cette collection de fantasmes très masculins.
Sur fond d'exotisme asiatique à deux balles et de nat