Avec Into the Abyss, le réalisateur allemand a plongé dans un puits sans fond. Il refuse que l'on parle de son documentaire en œuvre journalistique. Il n'a pas «fait d'interview» mais «rencontré des gens». Le distinguo est philosophique. Il ne voulait rien démontrer, encore moins l'innocence ou la culpabilité. Il voulait comprendre.
Que cherchiez-vous au fond de l’abîme ?
Je n’avais rien prédéfini, mais toucher la part sombre de l’homme m’intéressait. J’ai fait un film de cette histoire parce qu’ici le crime n’a aucun sens. Si, dans un braquage, les mecs pètent les plombs, tirent dans le tas et tuent deux innocents, à la limite, c’est compréhensible. Il y a de la peur, de la tension, des gens partout. Mais là, c’est différent. Ils n’avaient aucune raison de tuer ces gens.
Vous avez l’impression d’avoir compris Michael Perry ?
J'ai eu un très bon contact avec lui. Ce n'est pas un monstre, juste un homme qui a commis des actes monstrueux. C'est étrange parce qu'il est au-delà de la conscience. Il ne lui reste que huit jours à vivre mais son esprit est très loin de la seringue. Il ne s'en rend pas compte. Pire que cela, il est persuadé d'être innocent. Je crois qu'à force de se répéter qu'il n'avait rien à voir avec les meurtres, il a fini par se convaincre. C'est effrayant mais, en même temps, j'ai toujours voulu le traiter avec dignité. Quand je suis arrivé à la prison, je lui ai dit d'emblée : «Monsieur Perry, je vous respecte en tant qu'être humain, mais cela ne veut pas dire que j'éprouve la moindre sympathie pour vous.» Lui et Burk