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Libération
Critique

Herzog, la mort dans l’homme

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Le cinéaste allemand, obsédé par les situations extrêmes, part à la rencontre de deux jeunes meurtriers au Texas. Un documentaire saisissant sur le mal ordinaire.
A gauche: Michael Perry, huit jours avant son exécution pour un triple homicide. A droite: Jason Burkett, complice de Perry, condamné à perpétuité. (DR. )
publié le 23 octobre 2012 à 19h07

C’est un film essentiel. Il parle de destruction sur 1 h 45 mais le rire vous prend parfois. Par surprise. On pourrait écrire que c’est un film sur la peine de mort, alors que c’est beaucoup plus que cela. Werner Herzog aurait pu prendre le parti de démontrer l’absurdité américaine, une grande démocratie qui continue de rendre la justice en assassinant ses citoyens. Il lui aurait suffi de suivre un condamné à tort à la peine capitale, un parmi ceux qui croupissent dans les couloirs d’une prison de haute sécurité en attendant l’injection. Le réalisateur a préféré orienter sa caméra sur un fait divers texan, deux gosses de 19 ans qui, un soir, ont tué trois personnes de sang-froid pour une bagnole. Dans cette affaire sordide, les coupables n’ont pas d’excuse. Le 24 octobre 2001, à Conroe, Texas, Sandra Stotler prépare des cookies. Son fils, Adam, va rentrer à la maison avec un ami. On sonne à la porte, elle ouvre et prend deux balles.

Ténèbres. Pour reconstituer le crime, Herzog a monté des archives vidéo de la police. On voit les cookies prêts à être enfournés, la pâte qui sèche au fond du saladier, la constellation de gouttes de sang au plafond et la longue traînée rouge sur le carrelage qui s'enfuit dans le garage. On cherche le mobile. A part une Camaro rouge, voiture vaguement sportive, il n'y en a pas.

Ce soir-là, Michael Perry et Jason Burkett ont planqué des heures devant la résidence sécurisée façon Wisteria Lane que le fils Stotler rentre chez lui. Ils