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Libération

Le blond, la brute, et le truand

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Javier Bardem compose dans le rôle du salopard intégral un pervers exemplaire.
Javier Bardem-Silva dans "Skyfall" (Danjaq. LLC. United Artists Corporation. Columbia Pictures. )
par BAYON
publié le 25 octobre 2012 à 21h26

Dans la longue lignée des génies du mal bondiens, de Gert Fröbe à Richard Kiel, Curt Jürgens à Hugo Drax, Christopher Lee ou Klaus Maria Brandauer à Sophie Marceau ou Harold Sakata, savants mafieux fous, maîtres du monde antéchrist et imprécateurs nietzschéens, l'ennemi public numéro 1 co(s)mique du jour est assez tapé. Digne du psychopathe de Casino Royale bis qui pleurait du sang quand il était colère, Javier Bardem campe une folle des agneaux coiffée à la Bowie coréen fagoté en travesti de cabaret. Le plan de ce sagouin caligulesque suave à la mandibule démantibulée jusqu'au rolandique (il le démontre - la dent de cyanure in extremis n'a pas marché), son dessein est nébuleux (disons l'Armageddon cybernétique rêvé par son homologue de Die Hard 5), mais son apport cabot à la Jamessitude éminent.

Polenta. Silva est le renégat majeur, as de l'agence retourné et apostasié, non sous la torture par lâcheté, mais sous le coup tragique du dépit (de la trahison de M, coutumière du fait). Tenant de la théorie des rats mutés de son île maudite idéale (il a vidé la sienne en propageant le bruit d'une irradiation), il règne sur un désert de ruines où il fait résonner l'atroce «Quand notre cœur fait boum» de Trenet (encore la Cage aux folles, plus tard, ce sera maniaquement Boom Boom, de John Lee Hooker).

Avec Silva Bardem, sa polenta capillaire et ses tortillements de cybertata satanique, c'est Almodóvar qui prend le contrôle