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Libération
Critique

«Headshot», Tête à cloaques

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Polar virtuose mais alambiqué du Thaïlandais Pen-ek Ratanaruang.
publié le 30 octobre 2012 à 19h06

Depuis ses débuts, il y a une douzaine d'années, Pen-ek Ratanaruang (lire la «Séance tenante» page VIII) entretient des relations un brin névrotiques avec ses scénarios. Souvent, il malmène les intrigues, les tord en tous sens, conduisant le récit aux limites de la rupture et même, parfois, du compréhensible. Cette signature relève chez le cinéaste thaïlandais bien plus de la dextérité que de la banale coquetterie, tant il sait ménager le désir de connaître le dénouement d'une histoire dans laquelle il aime nous perdre. Cette fois, il s'est surpassé.

Gnôle. Headshot est un puzzle temporel dont les pièces ont été éparpillées dans une tornade narrative et quiconque tenterait de raconter le film de manière linéaire aurait de fortes chances d'être conduit sous bonne escorte vers le centre de soins psychiatriques le plus proche.

Pour donner une idée générale, mieux vaut donc s’en tenir au plus près du personnage principal et des montagnes russes émotionnelles qu’il emprunte. Tul est un flic désabusé, écœuré par la corruption qui gangrène son pays depuis les hautes sphères politiques ou économiques jusqu’aux plantons des commissariats de quartier. Une succession d’actes malveillants le conduit tout droit vers la bouteille de gnôle et, par la même occasion, dans les bras d’une organisation secrète qui efface de la surface du globe les ignobles voyous qui ont échappé à la justice.

Le genre «vigilante», qui a connu une sévère désaffection depu