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Libération
Critique

Le mors au temps

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2044. Variation survitaminée sur le thème du dédoublement de soi.
publié le 30 octobre 2012 à 19h46

Sept ans séparent la réalisation de Looper de celle de Brick, premier long métrage fabriqué à la maison avec l’argent de Mémé, discrètement paru sur les écrans à l’été 2006. Un film noir, crâneur, gonflé au speed, avec un Joseph Gordon-Levitt encore poupon et crédible en membre caché de la fratrie Phoenix.

Entre-temps, le jeune Rian Johnson est passé du giron de Sundance à celui d'Hollywood, a signé une paire d'épisodes de la série Breaking Bad et embarqué quelques stars dans Une arnaque presque parfaite, sans validation par le box-office à la clé, mais avec suffisamment d'aplomb et de dextérité affichée pour convaincre les studios de lui confier ensuite une trentaine de millions de dollars et la garde de Bruce Willis.

A raison, sans doute, puisque Looper a déjà doublé sa mise sur le seul territoire américain, non sans s'octroyer une haie d'honneur de la critique locale en sueur, malgré un scénario moraliste et imbitable au dernier degré.

Quelque part, 2044. Années 40, années décadentes : cet avenir n’a rien d’une destination rêvée et, si le voyage dans le temps n’y a pas encore été inventé, il n’est pas moins visité par ceux qui, depuis un futur plus lointain encore, viennent y corriger leur propre présent à coups de meurtres commandités au passé. Rétribuées par la pègre, de petites frappes lookées, les «loopers», y accomplissent à la force du canon scié la basse besogne de transformer en cadavre les colis humains ainsi expédié