Rengaine, premier long métrage de Rachid Djaïdani fit grand vacarme au dernier Festival de Cannes où la Quinzaine des réalisateurs eut la bonne idée de le sélectionner et d'en faire une sensation. Ce qui fait qu'il sort aujourd'hui, portant sur ses frêles épaules le poids des gros mots promotionnels : «chef-d'œuvre», «révélation», etc. C'est lourd pour un film qui voyage léger. Mais ce serait malpoli et injuste de lui faire endosser, voire payer, la responsabilité d'une inflammation qui n'est pas de son fait, mais qu'on peut juger excessive, ne serait-ce que parce qu'elle pourrait, sur le mode déceptif, nuire à son succès. Rengaine est un bon film du moment, ce qui suffit à en faire un «événement».
Remonte-pente. Un film qui, de Rengaine en Rengaine, fait penser aux variations de Jean Tardieu, tant pour sa matière poétique (le film, dès son sous-titre, se donne pour un «conte») que dans sa façon de marier le coq à l'âne. En l'occurrence, Dorcy, un jeune Noir d'origine africaine, et Sabrina, une jeune Arabe, d'origine maghrébine. Chacun croit qu'il n'y a personne, sinon l'amour de lui pour elle et d'elle pour lui. Cela serait si simple qu'ils se marient si Sabrina n'avait pas beaucoup de frères qui s'y opposent, et Dorcy, une seule maman, mais qui hurle encore plus fort la même chanson de l'impossible union entre un Noir et une Arabe. Bref de la famille tout embourbée dans la religion, la tradition et autre