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Le mythe de Rome naît

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Verhoeven, Miike, Erice… la manifestation italienne s’affirme enfin, sous le signe de la radicalité populaire.
par Envoyé spécial à Rome Olivier Séguret
publié le 14 novembre 2012 à 19h03

Longtemps, Rome fut une ville de cinéma. Jusqu’au début des années 80, elle méritait son surnom de Hollywood sur Tibre, qui renvoyait à une activité ciné frénétique, où se mélangeaient l’industrie locale, encore vivace, et les productions américaines (ou même françaises) délocalisées, nombreuses à cette époque puisque n’existait pas encore la concurrence des pays de l’Est. Mais la Ville éternelle n’a cessé depuis de chuter dans un trou noir : d’innombrables salles romaines ont fermé, l’industrie du cinéma italien s’est en grande partie désintégrée, et il fut même envisagé de transformer Cinecittà en parc à thème… Rome a ainsi passé presque vingt ans à l’ombre des lumières du cinéma mondial, à l’exception superbe de Nanni Moretti, qui a continué à la filmer et à y programmer, dans sa propre salle, des festins cinéphiles d’autant plus précieux qu’ils étaient rares.

En 2007, la municipalité romaine réagit avec force en créant un nouveau festival international auquel sont affectés des moyens importants et surtout une belle infrastructure : le Parc de la musique et son auditorium flambant neuf, lequel est flanqué de plusieurs salles, elles aussi, modernes. De ce point de vue, le contraste avec la Mostra de Venise, l’autre grand festival du pays, dont les infrastructures font pitié, est saisissant.

Prosecco. Pourtant, au cours de ses six premières éditions, le festival de Rome a peiné à convaincre : à la fois trop provincial et très people, il est perçu comme le véhicule des