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Libération
Reportage

Chine, l’empire du mielleux

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Reportage . A Guilin, dans la province de Guangxi, Philippe Muyl tourne le remake de son «Papillon» bucolique, énorme succès en Chine, entre carte postale et censure.
Yang Xinyi a été choisie après un laborieux casting réunissant 200 enfants. (Yao Xichun)
publié le 20 novembre 2012 à 19h06
(mis à jour le 21 novembre 2012 à 17h55)

Tout le plateau s'impatiente. Le cinéaste français Philippe Muyl a répété trois fois son ordre à l'interprète chinois, mais, en dépit de ses remarques, les figurants continuent de bouger de manière aussi peu naturelle. La caméra doit filmer en travelling une scène de rue d'un village des peuplades montagnardes Dong, dans le sud de la Chine. Les preneurs de son français, l'opérateur et le chef de plateau chinois, ainsi que la soixantaine d'accessoiristes et de membres de l'équipe trépignent. Philippe Muyl, échevelé sous la petite tente où il visionne le rendu sur un écran vidéo, s'efforce à garder son calme. «Dites encore une fois à cette figurante de rentrer dans le champ trois secondes plus tôt quand on dit "action !"» L'interprète relaie mal : «Il faut qu'elle aille plus vite», traduit-il. La figurante ne parle que le Dong, et pas le chinois. Double confusion. Pour la 7e fois, la prise est ratée. Le vieil acteur Li Baotian, interprète des plus célèbres films de Zhang Yimou et partenaire de Gong Li (1), joue l'un des deux rôles principaux. Lui aussi peste dans son coin, mais contre le metteur en scène - que tout le monde appelle par la transcription chinoise de son prénom, «Feilipu». «Ce n'est pas une scène importante, juste des gamins qui courent dans la rue… sept prises, quelle perte de temps, putain !» lâche l'acteur, décidément de mauvaise humeur. «Feilipu ne prépare pas assez, il réfléchit encore au moment de tourner alors que