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Libération
Interview

«J’avais peur d’oublier comment on fait un film»

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Rencontre. Le cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa fait son retour avec «Shokuzai», thriller criminel virtuose initialement commandé pour la télé et présenté au festival des Trois Continents de Nantes :
(DR. )
publié le 20 novembre 2012 à 19h06
(mis à jour le 21 novembre 2012 à 9h55)

Resté muet pendant des années alors qu'il venait de réaliser l'un de ses chefs-d'œuvre avec Tokyo Sonata, Kiyoshi Kurosawa a signé avec Shokuzai un éblouissant retour à la Mostra de Venise. Une série commandée par l'ambitieuse chaîne de télé WoWow, sorte de pendant nippon à HBO, d'une impressionnante maestria pour un produit de commande destiné originellement au seul petit écran.

Trois mois et quelques festivals plus tard, ces 300 minutes de thriller psycho-criminel en cinq épisodes demeurent à notre souvenir l'une des choses les plus saisissantes vues cette année. En attendant une sortie française annoncée mais inespérée il y a encore quelques semaines au regard de sa durée, on peut redécouvrir cette splendeur du meilleur cinéaste japonais actuel à Nantes, au festival des Trois Continents (lire ci-contre).

Comment s’explique votre silence pendant quatre ans, avant de réapparaître sur les écrans aux commandes d’une série télé ?

Le succès de Tokyo Sonata au Japon a été très relatif et, dans une économie fragile pour les cinéastes indépendants, il est de fait devenu très compliqué pour moi d'enchaîner sur un nouveau projet au cinéma. S'est alors présentée une commande de la chaîne payante WoWow, qui produit beaucoup de bons films. Je ne tournais plus depuis déjà trois ans. J'avais beaucoup d'appétit à filmer, filmer n'importe quoi - à vrai dire, j'avais peur d'oublier comment on fait.

Par ailleurs, il se trouve que le roman que l’on me proposait d’adapter m’a beaucoup inspiré. D’abord par la très stimulante complexité de son récit, aux allers-retours constants entr