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Libération
Critique

Murs avant l’âge

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Docu. Des gamins iraniens, camés, en maison de correction. Brutal.
(DR.)
publié le 20 novembre 2012 à 19h06

Pendant quelques jours précédant le nouvel an, le documentariste Mehrdad Oskouei a eu l’autorisation de filmer dans une maison de correction de Téhéran pour très jeunes délinquants et de les accompagner hors les murs, lors d’une virée au bord de la mer Caspienne.

L’énoncé de ce synopsis alerte. Même vu d’une lucarne particulière, à quoi ressemble le système pénitentiaire iranien ? Première information : une maison de correction iranienne ressemble plus à une MJC musclée qu’à une colonie pénitentiaire. Les gardiens, soldats ou éducateurs n’ont pas l’air de bourreaux; les gamins semblent jouir d’une relative liberté de mouvements et surtout de paroles. C’est l’essentiel intérêt de ce docu : parmi les délinquants, qui ont entre 10 et 14 ans, sept ont eu l’autorisation de témoigner. Voleurs, trafiquants et, surtout, tous dealers et drogués.

Ce qu'ils racontent est d'une atroce banalité. On entendrait la même épouvante des favelas de Rio aux bidonvilles africains. La singularité de leurs confessions tient donc au contexte d'une dictature théocratique qui prétend éradiquer le mal au nom d'Allah. Un des enfants, fieffé dialecticien, pointe la contradiction : il déclare être une petite raclure prête à tuer ses parents pour se payer une dose et il conclut que c'est donc, là aussi, «la volonté de Dieu.»

Autre surprise, la part d’enfance qui résiste. Chaque garçon a une peluche, doudou vaudou qui lui sert de confident gémellaire forcement complice puisqu’il lui fait dire ce qu’il