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Libération
Critique

«Piazza Fontana» : bombe funèbre

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Fenêtre. Retour à froid sur l’attentat de 1969 qui a plongé l’Italie dans les «années de plomb».
1969, année erratique. (DR. )
publié le 27 novembre 2012 à 19h36
(mis à jour le 28 novembre 2012 à 10h00)

Un thriller politique italien sans mafia, ça existe. Dans Piazza Fontana, on ne trouve pas de parrain, mais des attentats perpétrés par des anarchistes et/ou communistes et/ou néofascistes, une justice malmenée par le pouvoir, l'ombre de la CIA, un peu de loge P2, des caches d'armes… la guerre en somme. Mais laquelle ? Celle des luttes armées contre le capitalisme à la fin des années 60 ou la guerre froide stratégique contre l'avancée des rouges en Europe ? Réponse du film : les deux mon colonel grec.

Réseaux. Le 12 décembre 1969, dans une Italie secouée par de violents mouvements de contestation sociale, l'explosion d'une bombe à la Banque nationale d'agriculture, piazza Fontana à Milan, fait 16 morts et près de 90 blessés. L'enquête est en partie confiée à Luigi Calabresi, présenté comme un modèle de flic intègre. Il arrête pêle-mêle des militants d'extrême gauche et des anarchistes.

Parmi eux, Giuseppe Pinelli, un activiste non violent. Durant un interrogatoire auquel ne participait pas Calabresi, Pinelli tombe par la fenêtre, meurt quatre étages plus bas. La préfecture présente ce geste comme un suicide valant aveu de culpabilité. Calabresi, lui, a de sérieux doutes et décide d'enquêter dans son coin. Ces événements, outre le sujet de Mort accidentelle d'un anarchiste, de Dario Fo, marquent le point de départ des «années de plomb», abondamment traitées au cinéma et dans lesquelles l'Italie s'enfoncera durant vingt ans.

Piazza Fontana