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Libération
Critique

«Rebelle», à l’est d’ébène

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Jungle. Trajectoire onirique d’une enfant-soldat au Congo-Kinshasa.
publié le 27 novembre 2012 à 19h36

Voici un film qui tombe à pic : au moment où l'est de la république démocratique du Congo (RDC) plonge à nouveau dans la guerre civile, Rebelle raconte justement l'épopée de Komona, une jeune fille enrôlée de force dans un des groupes armés qui sévissent dans cet immense pays. Pourtant, il ne s'agit pas là d'un film politique ou à prétention explicative sur l'instabilité de la RDC. Toute identification aux lieux et au contexte est même réduite au minimum.

Rituel. Cinéaste adepte des sujets atypiques (la surconsommation dans Truffe, un crime en Europe de l'Est dans le Marais, un médecin dénonçant une fausse pandémie dans la Cité), le Canadien Kim Nguyen réfléchissait depuis dix ans à cette histoire d'enfants soldats entraînés malgré eux dans la furie de la guerre. Certaines scènes comme le meurtre contraint de ses parents par la jeune fille, elle-même menacée, évoqueraient même plutôt les rébellions d'Afrique de l'Ouest, où ce genre de rituel initiatique a été pratiqué, plus systématiquement qu'au Congo, pour s'assurer de la fidélité des jeunes recrues. Mais le film a bien été tourné en RDC, dans ce Congo qui avait déjà inspiré Au cœur des ténèbres, le roman mythique de Conrad.

Un pays dont le cinéaste a su saisir non seulement la violence mais aussi la beauté majestueuse à travers ces forêts, véritables cathédrales végétales, ou encore ces ruines au milieu de la jungle qui font du repère du chef rebelle un décor étr