Qu’on imagine Victor et Rainer, deux jeunes gens qui s’approchent doucement dans la nuit. Mais peut-être qu’il ne faut pas trop l’imaginer de peur de mourir de peur, comme un enfant qui craint d’aller se coucher dans sa chambre noire.
Une approche si étrange, si tranquille, mais bizarre justement à cause de ce mélange de quiétude et d’inquiétude. Apparement deux adolescents ordinaires s’alcoolisant à deux sur le même cocktail Red Bull-vodka, en préchauffage d’une virée du samedi soir. Ils se parlent peu, sinon pour vanter le chic du foulard de l’un qui, cadeau instantané, passe du cou de l’un au cou de l’autre. Ils sont assis face à face dans un train qui file de la banlieue vers le centre-ville.
Fantôme. On dirait Paris, mais ça n'est pas du tout filmé pour qu'on reconnaisse Paris. La tour Eiffel, par exemple, qui apparaît à la volée comme un phare du bout du monde ou un totem électrique célébrant le culte des nouveaux temps modernes. Boîte de nuit, castagne, drogues douces ou plus dures, errances diverses, égarements noctambules, chemins de traverses.
On connaît, on a connu, ce genre de diagonale urbaine, au cinéma comme dans la vie. Mais le fantôme de l’étrange est tapi dans l’ombre de ces évidences. Il doit y avoir quelque chose là-dessous. Car l’important n’est pas ce que nous voyons, mais ce que, dans ce que nous voyons, nous ne comprenons pas. Et devrions comprendre pourtant pour voir ce que nous voyons. C’est la matérialité du film qui produit ce bel ef