Les temps sont durs, même pour les gangsters et les films de genre. C'est autour de cette idée modeste qu'Andrew Dominik a construit un film teigneux, dont la mélancolie et le cynisme traduisent tout autant la déliquescence économique de l'Amérique que l'usure des codes du film mafieux. Après avoir manqué d'étouffer sous le poids des louanges récoltées pour son précédent film, l'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007), le cinéaste australien n'a pas choisi la facilité.
Pour résumer l’affaire, tout se déroule durant l’hiver 2008, en pleine campagne présidentielle durant laquelle Barack Obama porte l’espoir de la nation sur ses épaules. Tandis que la télévision débite en fond sonore les discours annonçant des lendemains qui chantent, le quotidien de la Nouvelle-Orléans est, lui, aussi crapoteux que d’habitude.
Affranchi. Deux camés armés de fusils de chasse à canon scié au ras des chevrotines dévalisent le cercle de poker le plus sinistre du monde occidental. Ils ignorent que le boui-boui appartient à la pègre qui, au nom d'un antique règlement intérieur, ne compte pas laisser passer la fantaisie.
Se met alors en place un dispositif bien connu dans lequel un affranchi (Brad Pitt) joue les intermédiaires entre gros bonnets et tueurs à gage pour remettre de l’ordre dans ce mini-chaos. Sauf que les vieux pros ont perdu la main, que les parrains ont viré hommes d’affaires avares et que la mythologie du crime organisé est définitivement bouf