Menu
Libération
Interview

«Même tenir une caméra me paraît dépassé»

Article réservé aux abonnés
Labo. Dominic Gagnon et Gwenola Wagon extirpent du fouillis Internet les images de leurs films. Entretien croisé sur les tâtonnements et les trouvailles d’une pratique encore jeune.
Dominic Gagnon et Gwenola Wagon. (DR. )
publié le 4 décembre 2012 à 19h06
(mis à jour le 5 décembre 2012 à 9h53)

Dominic Gagnon, réalisateur canadien, 38 ans, et Gwenola Wagon, artiste française, 37 ans tournent tous les deux des films sur Internet. Le premier écume les bas-fonds de YouTube où il a puisé les images de sa trilogie coup-de-poing sur la déliquescence de la société américaine. En 2009, il s'est mis à sauvegarder des vidéos aux discours jugés «offensants», censurées par YouTube. Survivalistes, paranos, parfois masqués ou déguisés, ils se filment devant leur caméra pour alerter d'une imminente apocalypse. Collage de «têtes parlantes» dont on se sait trop ce qui est le plus dérangeant : les discours de ces anonymes, armés et abreuvés de théories conspirationnistes ou la volonté de YouTube de les faire taire ? Si Rip in Pieces America suggérait que ce mal mental était l'apanage des hommes, Gagnon démontre qu'il est partagé en réalisant le pendant féminin en 2011.

Il vient d'en présenter l'ultime volet dans le cadre du festival parisien Mal au pixel (1). Son éprouvant Big Kiss Goodnight s'attache à une seule personne, JoeTalk100, gros nounours malade, emblématique de ces laissés-pour-compte de l'Amérique, qui crache à la face du monde sa logorrhée maniaco-dépressive. Fraîchement sorti de prison, JoeTalk100 se filme en HD dans sa voiture en train de vociférer contre ce pays qui va à vau-l'eau.

Gwenola Wagon arpente, elle, Google Earth, refaisant un tour du monde virtuel, dans les pas de Phileas Fogg (