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Libération
Critique

Apocalypse show

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Bayou. Dans une Louisiane de fin du monde, Benh Zeitlin confronte une gamine sauvageonne à une armée de bestioles chimériques, débarquées pour venger la planète. Epique.
publié le 11 décembre 2012 à 19h06

Le présage a quelque chose de surnaturel. En avril 2010, au moment même où commence le tournage de Bêtes du Sud sauvage dans un bayou perdu de Louisiane, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, située à moins de 100 kilomètres de là, vole en éclats. La pire marée noire de l'histoire américaine fonce sur les côtes, pile à l'endroit où une bande de jeunes new-yorkais tombés amoureux de la Louisiane, aidés bénévolement par les gens du coin, fabriquent un film fauché sur la fin du monde.

Aurochs. Cette apocalypse imminente, dans le film de Benh Zeitlin, n'est pas une hypothèse sérieuse mais une évidence. Elle est comprise, appréhendée et même attendue par un petit chat sauvage qui a un nom de chiot, Hushpuppy, gamine de 6 ans vivant dans une cabane menaçant ruines avec son père malade du cœur. Dans ce coin isolé de tout au plus profond des marais, l'enfer peut avoir un goût de paradis. Le terrain de jeu de Hushpuppy est une immense forêt hostile bourrée de bestioles, que tout adulte sensé aurait envie de fuir à toutes jambes. Tout le monde sauf ceux qui sont nés ici et, donc, une petite bande de new-yorkais qui tournent un film. «Je suis venu en Louisiane il y a six ans, dit le réalisateur, Benh Zeitlin, tout juste 30 ans. Pour tourner un court métrage et écouter de la musique à la Nouvelle-Orléans. Et puis je suis resté.» Ce court métrage, Glory at Sea, est l'odyssée de naufragés qui survivent avec les restes de leur navir