Sur les affiches, nulle trace du nom de Ang Lee. Sous l'écrasante photo du face-à-face entre le héros, Pi, et un tigre du Bengale adulte qui rappelle les riches heures de Pinder, à peine est-il mentionné que le film est signé par le «réalisateur de Brokeback Mountain et de Tigre et Dragon». Cet «oubli» n'est pas si absurde. Car l'Odyssée de Pi ne semble avoir été réalisé par personne et, en tout cas, pas par Ang Lee, a priori peu soupçonnable d'avoir commis ce gros machin boursouflé, bâti autour des concepts de la volonté divine et de la magie de la fiction. C'est bien plus un scénario cadenassé par le best-seller de Yann Martel dont il est tiré et l'ampleur du budget (100 millions de dollars) qui ont «fait» ce film qu'un réalisateur.
Pour résumer l’affaire, l’Odyssée est celle d’un jeune garçon de Pondichéry dont les parents, proprios d’un zoo, décident de s’installer au Canada avec toute la ménagerie. Le cargo qui les conduit vers les Amériques fait naufrage et l’adolescent se retrouve seul survivant dans une chaloupe en compagnie d’un tigre donc, mais aussi d’une hyène, d’un zèbre à la patte brisée et d’une femelle orang-outang. Soit. Après de sévères péripéties, dont une tempête dantesque et l’équarrissage de toutes les bestioles sauf le tigre, tout finit par s’arranger.
Tout, sauf le film, qui inflige une collection d’effets numériques plus artificiels et grandiloquents les uns que les autres, évidemment assortis d’une 3D toujours aussi impotent