Menu
Libération
Critique

Ungerer, bon comme la lune

Article réservé aux abonnés
Comète. Adaptation du conte poétique de l’artiste alsacien, icône tant de la littérature jeunesse que de la satire politique qui fait aussi l’objet d’un docu.
publié le 18 décembre 2012 à 19h06

Jean de la Lune s'ennuie sur son astre mort et attrape la queue d'une comète pour descendre sur Terre. Depuis, les enfants ne trouvent plus le sommeil. Deuxième adaptation d'un best-seller de Tomi Ungerer, après les Trois Brigands, le long métrage de Stephan Schesch restitue l'univers graphique du dessinateur alsacien : 2D, coloré, luxuriant et naïf comme un douanier Rousseau, agrémenté de jolies trouvailles visuelles et sonores.

Orifices. On pouvait s'inquiéter de voir un si court conte sur la différence étiré sur plus d'une heure et demie. Il a fallu étoffer des personnages et inventer un méchant, le Général Président hyperactif, mix du dictateur de Chaplin, d'Ubu et de Jacques Chirac, prêt à tout pour conquérir l'espace et foutre l'envahisseur lunaire au cachot. Le film s'écoule doucement sur les pas erratiques du petit alien égaré, rond et diaphane jusqu'à en devenir transparent lorsque la lune perd ses quartiers.

La même année - 1966 - que ce classique de la littérature jeunesse, Ungerer publiait The Party, portraits féroces des soirées mondaines new-yorkaises, suivi, en 1969, du scandaleux Fornicon, festival de corps féminins pénétrés par tous les orifices par d'ingénieuses machines. Caricature de l'amour mécanisé ou exaltation du plaisir solitaire, le livre lui valut d'être blacklisté de toutes les bibliothèques américaines. N'est-ce ce pas ce même illustrateur qui avait fait voler les tabous de la littérature enfantine, chois