Un type tringle une fille tout en téléphonant, ou plutôt téléphone tout en tringlant une fille, et il continuera un temps son va-et-vient alors qu'elle est partie se rhabiller. Ainsi Laurent Lafitte entre-t-il en scène, dans De l'autre côté du périph. Jubilation immédiate. On va donc retrouver le gougnafier BCBG à raie sur le côté que la scène a révélé, dans son one-man-show Laurent Lafitte comme son nom l'indique, et la télé confirmé (la présentation des molières 2011, suivie d'une participation à celle des césars 2012). Quel délice, vraiment. Un kamikaze à façade de gendre idéal, qui concasse les mythes (la grand-mère, la muse hippie) et pousse impavide le bouchon bien loin, jusqu'au pipi-caca dans le fameux sketch du fist-fucking sur sling de boîte à pédés. Lafitte ? Une sorcière à physique de jeune première qui vomit des crapauds dans un sourire de Cinémascope, comme lorsqu'il remet le «prix du meilleur Français dans une actrice américaine». Bref, le mauvais goût assumé avec panache, en version solaire et carnassière, là où un Gaspard Proust semble prêt à en finir. Même dans les Petits Mouchoirs, en Antoine irrémédiablement confit de la Juliette qui l'a largué, Lafitte suinte le psychopathe, gentil mais flippant, boloss à sourire niais mais possiblement apte à l'extrême.
Pas flagorneur, il attendra l'au revoir pour se dire «content de faire ça», cette rencontre en vue d'un portrait dans Libé, qu'il relit après