«Entre les murs» a été votre plus gros succès, notamment du fait de la Palme d’or. Cela a-t-il modifié votre approche pour le film suivant ?
Bien sûr, je savais que mon prochain film serait attendu, qu'on ne manquerait pas de le comparer à Entre les murs. Mais quand on attaque un projet, on ne pense heureusement pas en ces termes: le film seul impose ses règles et sa forme. En revanche, le succès d'Entre les murs m'a permis de tourner Foxfire comme je le voulais: en improvisant avec des actrices inconnues, pas bankables, et ce malgré un budget plus élevé que celui de mes films précédents.
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le roman de Joyce Carol Oates que vous adaptez?
J'y ai retrouvé beaucoup d'éléments que je développe dans mes différents films. Le groupe, et la place de l'individu dans ce groupe. Et puis l'idéalisme qui se heurte à ses propres limites et à la cruauté du réel. Après Entre les murs, j'avais aussi très envie de filmer à nouveau l'adolescence, cet âge où seule compte l'énergie déployée, où l'on manque encore d'outils pour appréhender la complexité du monde, et où l'on expérimente. J'ai été impressionné par le portrait très cruel et assez désenchanté qu'en trace le roman.
Pourquoi avoir choisi de rester fidèle au décorum du roman, sa langue (l’anglais), son époque d’ancrage (les 50’s)?
J’ai eu envie de filmer l’Amérique des années 50 en cherchant à échapper à la mythification et au folklore cinématographique qui y sont attachés. Afin d’éviter l’aspect muséographique, j’ai tenté de traiter l’histoire en «l’actualisant»: en la traitant de la même manière que si elle était contemporaine. Plus que de précision historique, je souhaitais établir des ponts entre les époques, souligner la permanence des oppressions et des luttes.
Foxfire, confessions d'un