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Libération

Paulo Rocha, porté aux nues

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Disparition. Le père du «cinema novo» portugais s’est éteint samedi à l’âge de 77 ans.
publié le 2 janvier 2013 à 19h56

Hospitalisé à Porto suite à un accident vasculaire cérébral, le cinéaste Paulo Rocha est mort, samedi, à l'âge de 77 ans. En 1963, alors qu'il a étudié le cinéma à Paris au sein de l'Idhec, il installe sa caméra à Lisbonne pour y filmer la chronique d'une jeunesse sixties nonchalante et remplie d'une certaine indécision existentielle que bouscule in fine un onirisme violent. Les Vertes Années (Os Verdes Anos), fortement influencé par la Nouvelle Vague française, devient le film-manifeste du «cinema novo» portugais. Manoel de Oliveira écrit alors à celui qui a été son assistant : «Cher Paulo, tu as du talent. Tu réussis à tourner tout ce que tu veux. Pas moi. J'arrête ce métier. Je te laisse la place…»

En réalité, Oliveira ne cédera pas un centimètre de son piédestal moderniste indéboulonnable, mais Rocha saura se débrouiller de cette tutelle intimidante, en lui rendant hommage (dans un épisode de Cinéma de notre temps) et en allant voir ailleurs.

Japon. Rocha, en effet, est un pur enfant de Porto, la ville frondeuse, nordique, intellectuelle, très anti-Salazar, mais le Japon fait une entrée fracassante dans son univers à l'adolescence, notamment la découverte du film la Porte de l'enfer, de Teinosuke Kinugasa, mélodrame dont Cocteau disait qu'il possède «les plus belles couleurs du monde». La flamboyance des costumes, l'exotisme culturel frappent l'esprit de Rocha, qui deviendra un grand admirateur du Japon