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Portrait

Un acteur à l’idéologie titubante

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Depardieu, la grande évasiondossier
De Mitterrand à Sarkozy en passant par Castro et Khalifa, Depardieu n’a jamais cessé de retourner sa veste.
publié le 4 janvier 2013 à 20h56
(mis à jour le 5 janvier 2013 à 10h02)

C'est Marguerite Duras qui offre à Gérard Depardieu sa première apparition au cinéma, dans Nathalie Granger, en 1972. Cinq ans plus tard, alors qu'elle est bourrée H24, la pythie de Neauphle lui donne le premier rôle du Camion et note dans un coin de sa tête, si l'on en croit Laure Adler, «Depardieu sait pas lire, pas écrire ! C'est un analphabète, tout le monde le sait !» En 1994, dans une interview sur France 3, évoquant une enfance à l'état «brut», il avoue d'ailleurs que les mots «lui manquent encore toujours beaucoup». Un peu plus tard, il se pète le nez dans une baignoire en Géorgie et le sculpteur animalier Bernard de Souzy fait de lui un bronze de 300 kilos intitulé la Force aveugle.

La littérature, l'alcool et l'imbécillité de tout génie, voilà sans doute l'élément négligé dans la saga Depardieu. Sublime, forcément sublime, a-t-on envie d'ajouter (d'autres préfèrent l'antienne «Il est vraiment phénoménaaaaaal») en découvrant la dernière déclaration de Gégé(lire ci-contre). On se dit à ce stade que les mots ont perdu tout référent réel, qu'ils forment des fantômes et qu'on est entré dans la fiction. «Je lui ai dit…» scande Depardieu. Sans doute croit-il à la parole performative, celle où l'action est le verbe même, généralement réservée à Dieu et ses ministres. Il suffirait de dire «la Russie est une démocratie» et hop, ce serait vrai.

On s’étonne parfois que Depardieu soit passé