Comme Marcela Iacub l'écrivit le week-end dernier dans le Mag de Libération, à quoi ça sert d'être immensément riche si cette immensité ne permet pas de se payer le don d'ubiquité et de résoudre ainsi l'équation casse-tête qui permettrait de dormir dans cinq lits à la fois, déplacer sa personne en huit jets privés, manger dans douze restaurants en même temps et, à la même heure, de serrer la main de tous les dictateurs ?
Ce portrait doublement encadré de Gérard Depardieu est une belle illustration de ce dilemme. Il a été pris en septembre 2012 à Paris, dans l’hôtel particulier du 95 de la rue du Cherche-Midi que l’acteur vient de mettre en vente pour 50 millions d’euros. Que fait Gérard Depardieu dans son hôtel particulier de mille milliards de mètres carrés ? On l’imagine assez bien s’y promenant la nuit, de salon en salon, de couloir en couloir, mélancolique et insomniaque, ivre autant de tristesse que de vin, seul.
Et parfois comme ici, se croiser dans un miroir d’une rare surcharge qu’on verrait aussi bien dans l’alcôve d’un claque de luxe que dans les salons d’une comtesse vénitienne. On ne voit que ça : l’éclat, l’outrance, le rococo où s’incruste un drôle de coco. De travers, de biais, en diagonal. Gérard Depardieu ne se regarde pas.
Par crainte de quoi ? De ne pas reconnaître cette silhouette de père Ubu, de sursauter à cette vision gargantuesque ? Façon Dorian Gray, pourquoi s'imposerait-il l'épreuve de se souvenir qu'il fut un des plus beaux gars du