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Libération

Oshima, conte cruel de la vieillesse

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Décès . Le réalisateur japonais, auteur de «l’Empire des sens» et de «Furyo», est mort hier à l’âge de 80 ans.
nagisa Oshima (au centre), avec David Bowie, lors de la présentation de «Furyo» au Festival de Cannes, en mai 1983. (Photo Ralph Gatti. AFP)
publié le 15 janvier 2013 à 21h56

Oshima ? Réponse : l'Empire des sens, le film par qui, en 1976, le scandale arriva et, dans le même convoi, le nom de son réalisateur. Rappel des faits : dans le Japon fascisant de 1936, un homme et une femme s'enferment dans un huis clos érotique à la recherche de l'orgasme ultime. En série de célébrations sexuelles de plus en plus alambiquées, la maîtresse finit par étrangler et émasculer son amant. Le récit s'inspire d'un fait divers : la passion dévastatrice entre une ancienne geisha et un bourgeois. La sortie de l'Empire des sens au Japon, en plein miracle économique, mais toujours engoncé dans un puritanisme bourgeois, provoque un scandale immédiat. Il est censuré, avec scènes coupées et floutage de poils. Projetée au festival de Berlin, la copie est saisie par la police. En revanche, à Paris, le film, non expurgé, connaît un énorme succès (les touristes japonais de passage dans la capitale s'y précipitent).

Cette baleine blanche de foutre tombait à pic pour qu'on y plante moult harpons : celui de la cinéphilie n'est pas le moindre, qui veut alors à tout prix faire d'Oshima le plus européen des cinéastes japonais. Il n'est question, à son propos, et pas seulement sur ce film, que du «Godard nippon», de «l'Antonioni de l'archipel», leader d'une Nouvelle Vague locale, plus ou moins contemporaine de la française. Il est à noter que le cinéaste, à plusieurs reprises, s'est insurgé contre cet étiquetage. Autre harpon, celui de l'interpréta