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Libération
Critique

«El Estudiante», Marx mon amour

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Rouge. Un coureur de jupons en fac ès séduction option électoralisme.
Romina Paula. (DR. )
publié le 22 janvier 2013 à 19h06

Avant de signer un séduisant premier long métrage qui nous parvient bardé de récompenses en festivals (à Locarno, Buenos Aires, Gijón…), Santiago Mitre s'était aguerri par la réalisation de films courts ou publicitaires, puis, surtout, par sa collaboration aux scénarios de deux films de Pablo Trapero, l'un des emblèmes d'un nouveau cinéma argentin essoufflé depuis quelque temps. De Leonera et Carancho, qu'il avait coécrit, on peut retrouver au cœur d'El Estudiante l'extrême précision d'un principe d'immersion quasi documentaire de la fiction dans l'un des sous-mondes de la société de son pays.

Ici, l’université publique de Buenos Aires, laboratoire ingouvernable du militantisme et de l’engagement politique, microcosme miroitant où se reflètent à l’état d’innocence les idéologies ressassées et les travers du système institutionnel argentin. Ainsi, c’est le corps même de l’université qui se présente à nous comme le premier personnage imposant du film. Une citadelle grouillante et décatie aux couloirs lépreux, peinturlurés, graffés de tous les slogans les plus contradictoires, où l’on étudie moins que l’on s’y fédère en syndicats ou que l’on s’y affronte et se disperse, même au beau milieu d’un cours, en chamailleries heurtées qui relèvent le plus souvent de la récitation marxiste apprise par cœur.

Quand, au sein de ce tableau s’impose Roque, un étudiant coureur de jupons qui traîne son émolliente insouciance sans grande conviction, le film se fait tout