Formidable CIA. Elle aura réussi, via le film de Kathryn Bigelow, à faire admettre que c'est grâce à l'emploi de la torture que la traque d'Oussama ben Laden a finalement pu aboutir. C'est en tout cas l'idée sur laquelle repose le film rythmé par des scènes terribles de «techniques d'interrogatoires avancés», un gentil euphémisme pour qualifier des simulations de noyade et autres actes de violence à l'encontre des détenus dans des centres de détention clandestins. Car, ce n'est pas un secret, le film a bénéficié de la coopération de la centrale américaine - et du Pentagone -, qui ont fourni en particulier des informations sur l'agente qui s'est vouée corps et âme à la recherche du chef islamiste, personnage incarné par Jessica Chastain.
Or, une telle théorie est contestée, notamment par le Comité sénatorial d'enquête sur le programme de détention et d'interrogation de la CIA. D'où un échange de lettres entre un trio de sénateurs - deux démocrates et un républicain - et le chef de la centrale, les premiers cherchant à savoir quelles informations elle a livré aux producteurs. Dans une première lettre, les parlementaires soutiennent que «le rôle de la torture dans la chasse à Ben Laden n'est pas exact…» et que celle-ci doit beaucoup à un détenu qui a parlé avant d'y être soumis. Par ailleurs, ils soupçonnent la CIA d'avoir coopéré de façon «inappropriée», pour ne pas dire malhonnête, avec ces mêmes producteurs en plaidant l'utilité de la torture. Ils exigent do