Photo Rudy Waks pour
Libération
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Alexandra Lamy déchiquette le croissant en morceaux de moineau et, de ses doigts fins, les noie dans la tasse d'expresso. C'est une actrice française qui maîtrise les codes de la boboïtude. Elle a ôté son bonnet de laine, ligne Emmaüs d'Isabel Marant, et recoiffé ses cheveux du bout des doigts, très la fille pas spéciale. La patronne du Baromètre, une pas commode qui ressemble à Annie Girardot, lui a concédé la banquette, c'est l'heure-où-on-dresse-les-tables-pour-le-déjeûner-vous-comprenez. Alexandra dit qu'elle est de belle humeur parce qu'elle a rendez-vous avec Jean-Claude Carrière, qui coécrit avec elle le scénario des Camisards, un film sur la guerre dans les Cévennes entre catholiques et protestants. Lorsqu'on a suggéré à Alexandra Lamy, un symbole de la gaieté en prime-time, de faire appel au scénariste de Buñuel, Etaix, Malle, Godard, Oshima, Haneke… Alexandra Lamy a atermoyé. «Moi, la blondinette rigolote… comment allait-il m'accueillir ?» Bien, très bien, merci. Jean-Claude Carrière n'est pas bobo mais bouddhiste et les religions le passionnent.
Alexandra Lamy rit beaucoup, d'un sourire presque aussi lumineux que celui de Sandrine Bonnaire (moins de mélancolie, plus de vitalité), celui qui déclenche une formation instantanée de vitamine D sur toute la zone. Même dehors, il fait beau. Alexandra Lamy, elle, est partie à fond la caisse sur son projet de film qui lui tient à cœur depuis sept ans. L'histoire de J