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Libération
Critique

Béton de bergers

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Docu . Transhumance dans une Suisse gagnée par la ville et les autoroutes.
(DR. )
publié le 5 février 2013 à 19h06

Trois ânes, huit cents moutons, quatre chiens, un homme et une femme, telle est l'équation d'Hiver nomade, documentaire qui se met au pas d'une transhumance hivernale à travers une Suisse domestiquée. Bol d'air frais et tendres gigots garantis. Si la liberté se définit par la longueur de la corde que l'on s'autorise, alors Pascal et Carole ont un sacré mou. Pendant quatre mois, ce couple de bergers goûte à la liberté, sous la forme d'une transhumance hivernale. Sous la pluie, la neige, le vent, il guide des centaines de moutons sur 600 km. Chaque soir, il faudra déployer le bivouac : préparer un feu, sortir les peaux de bête pour se faire un nid. Chaque matin, un nouveau paysage viendra récompenser l'équipée. Chaque jour, il faudra marcher, commander les chiens, soigner les bêtes et leur trouver de quoi manger. Ce voyage sera le dernier avant l'abattoir.

Chaque année depuis plus de trente ans, Pascal, 54 ans, mène des centaines de moutons à travers plaines et vallons, champs et routes de campagne, lotissements fraîchement sortis de terre ou autoroutes. Originaire de Quimper, Carole, 28 ans, a tout quitté pour se joindre à l’aventure. Carole, dont c’est l’une des premières transhumances, est aussi fière et forte que Pascal est tendre et bourru. Le couple partage de longs silences et tisse des liens invisibles. Dans leur solitude choisie, Pascal et Carole ont rendez-vous avec les fidèles : la vieille dame et son fils qui offrent le couvert chaque année, et les amis qui