On a demandé à l'assistante de Fabien Onteniente : «Et alors, la tournée de Turf, c'était comment ? Parce que c'est un peu moins grand public, non ?» Elle a répondu : «C'est plus segmentant, vous voulez dire ?» On a dit : «On ne mange pas de cette avoine-là.» Le bureau était clair et vaste, il y avait des plumes, des gouaches en coffret et une fresque étonnante sur les murs. Onteniente est arrivé, s'est assis, a posé un mollet et une pompe sur le bureau, puis les a enlevés.
La critique n’aime pas beaucoup vos films…
L'autre jour, en tournée pour Turf, j'ai quand même rencontré un journaliste qui avait compris que j'étais nourri de comédie italienne, du cinéma de Mario Monicelli. Le Pigeon reste pour moi un film essentiel. Ou La classe ouvrière va au paradis, d'Elio Pietri. On y voit des gens de peu qui s'attaquent à quelque chose de trop grand pour eux et, dans cette épreuve, ils se révèlent. J'adore observer. Ce n'est pas un exercice, c'est naturel. Je ne prends pas de notes. Comme mon visage n'est pas connu, j'ai le luxe de pouvoir rester dans les troquets, je parle avec les gens. Ça commence par la kiosquière, en général, j'achète mon journal, puis je vais prendre mon café.
Là, on est dans votre bureau et, sur les quatre murs de la pièce, il y a une sorte de fresque qui raconte en collages et en dessins votre prochain film. Mais ce n’est pas un story-board…
On écrit les scénarios à plusieurs. Chacun a un truc dans la tête. Un jour, pour exprimer ce que je voulais dire à mes copains, j'ai posé un dessin, puis un autre. Philippe Guillard avec qui j'écris, l'ancien rugbyman et réalisateur, qui bosse sur Canal +, me dit : «Faut qu'on met