On se rend compte assez vite qu’Ana Girardot est plus marquante en représentation, filmée ou photographiée, qu’en vrai (et ça ne veut pas dire qu’elle n’est pas jolie en vrai). C’est l’indispensable qualité d’un acteur, et peut-être la seule pour laquelle il n’a aucun mérite: ce qu’il laisse échapper de lui, malgré lui. Est-ce pour cela qu’on a eu envie de rencontrer Ana Girardot, 24 ans et une poignée de films, d’apparitions – elle et pas une autre ?
Outre la photogénie, elle possède, comme «la ménagère de moins de 50 ans» ou le «Français moyen», la particularité rare, en ces temps de distinction forcenée, de représenter une sorte de stéréotype, celui de «la-jeune-actrice-qui-monte». Faire son portrait revient à faire le portrait de filles comme elles, aspirantes vives et futées, qui avancent leur absence de pimbêcherie comme une arme, leur candeur pas dupe comme la preuve du vrai, et ce n’est pas faux: Ana Girardot est réellement sympathique.
Dans ce bistrot du Marais parisien où on lui a proposé de se retrouver (ça tombait bien, elle habite à deux pas), elle commande un thé épicé et entreprend d'expliquer d'emblée, sourire aux lèvres, qu'elle a perdu son cornet de frites. Pardon? Avant de se soucier des frites, parlons d'elle. Après l'intrigant Simon Weber a disparu, voilà trois ans, elle a joué de petits rôles dans des films plus populaires – Cloclo, Radiostars, Amitiés Sincères (sorti cette semaine) –, et dans la série télévisée les Revenants (s