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portrait

Golshifteh Farahani, de la persannalité

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Mise en cause par les ayatollahs pour avoir joué tête nue, cette star du cinéma iranien a dû choisir l’exil en France.
(Ali Mahdavi)
publié le 18 février 2013 à 19h06
(mis à jour le 20 février 2013 à 9h57)

Elle est fatiguée. Très fatiguée. La veille, elle était à Los Angeles, où elle prépare une pièce en persan. Le lendemain, la jeune actrice iranienne prend l'avion de retour. Et ce jour-là, Golshifteh Farahani, 29 ans, enchaîne les interviewspour la promo de Syngué Sabour, film adapté du livre éponyme d'Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008.

Voix grave, presque suave sur la fin des phrases chantantes, Golshifteh nous rassure. «Mais ça va, tout va bien.» Tout son corps, allongé sur un petit fauteuil dit le contraire. Ses pieds, habillés de longues bottes noires et collés à un petit chauffage portatif, crient «j'ai froid.» Sa tête jetée en arrière sur le dossier crie «je veux dormir.» Et il y a son téléphone contre son oreille. Elle attend la livraison d'un bijou acheté quelques heures plus tôt et s'inquiète. Golshifteh - dont on n'a pas encore dit qu'elle était belle tellement elle est belle - pose sa main sur la nôtre pour nous faire patienter et lance un regard tout doux. «Le bijou, c'est pour qui ?» on demande. Elle redresse un visage soudain enfantin, malgré le maquillage, malgré la fatigue. «Mais on a déjà commencé l'interview ?» Elle rigole, grave et troublante. «Bon, ce n'est pas grave… C'est un cadeau pour un garçon… Un cadeau de folie.» On est le 14 février, mais rien à voir avec la Saint-Valentin. «C'est juste que j'ai envie.»

L'envie. Le mot revient souvent dans son français quasi sans faute, sans accen