Le conflit israélo-palestinien demeurera dans les annales comme l'un de ceux qui aura été le plus filmé, fictions et documentaires confondus. Cette fringale d'images jamais rassasiée est en un sens le sujet de 5 Caméras brisées, docu réalisé sur une période de cinq ans par un amateur palestinien.
Fils de paysan, jardinier et cultivateur, Emad Burnat habite le village de Bil’in, en Cisjordanie. Son quatrième enfant vient de naître quand tombe la nouvelle d’expropriation de nombreux terrains pour permettre aux Israéliens d’édifier un «mur de séparation» qui doit protéger l’importante colonie juive de Modiin Illit encore en plein chantier. Le village vivant de la culture des oliviers plantés sur les territoires réquisitionnés et bientôt déclarés «zone militaire» va peu à peu devenir un symbole de la résistance pacifique à une politique israélienne qui agit par décrets, quitte à devoir revenir dessus au terme de longues procédures en justice comme c’est le cas ici.
Tous les vendredis, des cohortes hétéroclites de villageois et de militants venus d’un peu partout protestent devant les barbelés et les militaires israéliens qui, chaque semaine, tirent des balles de caoutchouc ou lancent des centaines de grenades lacrymogènes.
Burnat se prend de passion pour cette lutte qui entraîne voisins et amis dans un face-à-face de plus en plus dangereux avec les soldats. Le réalisateur prend des risques, on lui casse régulièrement sa caméra, il se débrouille pour en obtenir une nouvelle