Menu
Libération
Portrait

Alexeï Guerman, empreinte russe

Article réservé aux abonnés
Disparition. Le cinéaste anticonformiste, tricard durant la période soviétique, est mort hier.
"Khroustaliov, ma voiture!" (1998), film fleuve sur le stalinisme crépusculaire. (Photo Prod DB)
publié le 21 février 2013 à 21h06

«Je pense tout le temps que je vais mourir bientôt. A chaque fois que je me regarde dans un miroir, je me prépare à une mort violente», Alexeï Guerman s'exprimait ainsi en janvier 1999 dans les Inrocks. Il lui restera encore quatorze années pour croiser le reflet de la mort. Le cinéaste russe s'est éteint, hier, à l'hôpital militaire de Saint-Pétersbourg.

Etagère. Alexeï Guerman a traversé en frondeur les vicissitudes d'une carrière largement dominée par le glacis soviétique. Fils d'un écrivain officiel du régime stalinien, Iouri Guerman, il se voit d'abord médecin et entre sans vocation particulière au studio Lenfilm en 1964. Son premier véritable long métrage, la Vérification (1972), se déroule dans le nord-est de la Russie sous occupation nazie en 1942. Dès l'intro, on y découvre une population au bout du rouleau, affamée par l'ennemi. La vision des partisans, teintée d'absurde et de paranoïa, est ici bien loin de l'imagerie héroïque socialiste. «Moi vivant, cette saloperie ne sortira jamais sur les écrans», s'exclamera le vice-ministre du cinéma de l'époque. Le film sera interdit jusqu'en 1985.

Mais Guerman ne désarme pas et signe 20 Jours sans guerre (1976) où, racontant la virée à Tashkent d'un écrivain renommé, il met à mal le mythe triomphal de la bataille de Stalingrad, tel que répercu