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Libération

«Amour» relève l’ennui des césars

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Cinéma. Du succès programmé du film de Haneke aux blagues obligées, un cru 2013 sans surprise.
Emmanuelle Riva, césar de la meilleure actrice pour "Amour". (Photo Patrick Kovarik / AFP )
publié le 24 février 2013 à 20h06

Après la phase d’excitation maniaque déclenchée fin décembre par la tribune de Vincent Maraval sur des stars peu rentables (que lui et sa boîte Wild Bunch avaient d’ailleurs en partie contribué à payer), le cinéma français montrait vendredi, pour son exhibition annuelle des césars, le visage effondré du dépressif. Xanax, Valium et valériane sponsorisaient la soirée où l’infirmière-maman Isabelle Carré tentait de remonter le moral du clan en évoquant, trémolos dans la voix, le souvenir d’une héroïque séquence de soupe poireaux-pommes de terre avalée en silence par Jean Carmet.

Les équipes de secours, diplômées en rigolothérapie zygomatique - Jamel Debbouze, Omar Sy, Marina Foïs, François Damiens, Laurent Lafitte - ont opéré de vaines interventions avant de repartir avec leur canon à blagues sous le bras. L’encéphalogramme plat, l’humeur morose, l’aquoibonisme perduraient, et même l’Américain de service, Kevin Costner, improbable césar d’honneur pour l’ensemble d’une carrière depuis longtemps à la dérive, semblait choisi pour sa compatibilité avec ce monde sans joie.

Trottinette. Cette impression est aussi le résultat de l'union contrariée entre l'esprit télé Canal sous speed (l'idée de tout traiter en vanne et jingle) et la vieille litanie de la remise des récompenses, dont une bonne partie va à des gens qui ne passent jamais à la télévision. On mesure la fracture entre les routiers de la promo et tous les autres, à qui il est implicitement