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La Thaïlande trouve censure à son pied

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Asie. Bangkok surveille de près la production nationale. Dernière victime en date : «Shakespeare doit mourir», une adaptation de «Macbeth» mettant en cause le clan au pouvoir.
Vermine à ongles dans "MacBeth". (Photo DR)
publié le 26 février 2013 à 19h06

Ing Kanjanavanit n'est pas le genre de femme que vous souhaitez avoir pour ennemie. Les censeurs thaïlandais commencent à s'en rendre compte. Les membres du Bureau du film, l'organisme de censure dépendant du ministère de la Culture, ont interdit récemment la projection de son long métrage Shakespeare doit mourir dans les salles du royaume. La raison invoquée est que ce film de plus de trois heures, qui reprend à 99% le texte de Macbeth mais dans un contexte local, risque «de créer des divisions au sein de la société thaïlandaise».

Pour Ing Kanjanavanit, une cinéaste à fleur de peau âgée de 53 ans et dont un film - Mon prof mange des biscuits - avait déjà été censuré en 1998, cela n'est qu'un prétexte fallacieux. «Si le film a été interdit, c'est parce qu'il parle des abus de pouvoir, qu'il montre un tyran obsédé par la magie noire», dit-elle. Et d'enfoncer le clou : «Les censeurs sont terrifiés par la famille Shinawatra. Il y a une atmosphère de peur dans les bureaux du gouvernement et ceux des médias», assure-t-elle. Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre thaïlandais - renversé par un coup d'Etat en 2006 mais qui reste très populaire au sein des classes les plus modestes -, a été une source d'inspiration pour son film, reconnaît-elle. L'actuelle Première ministre de Thaïlande, Yingluck Shinawatra, sœur cadette de Thaksin, préside le Bureau du film. «Mais, mon film vise tous les dictateurs, Hun Sen [le Premi