La première image ?
Innocence perdue dès ma première photographie, à l’âge de 30 ans. Jusque-là, le monde n’était que sensation, long tunnel, trou noir de la défonce. Les junkies sont aveugles à la beauté violente qui les entoure parce qu’ils laissent cette violence les submerger.
Le film (ou la séquence) qui a traumatisé votre enfance ?
Images volées, anonymes, anodines, mais marquées du sceau infâme du rectangle blanc, stigmate de vie au temps de la frigide ORTF.
Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?
Le seul objet visuel victime d'un autodafé familial fut le livre Do It, de Jerry Rubin, détruit par mes parents parce que les mots les plus récurrents y sont : «J'encule Dieu !»
Une scène fétiche ou une scène qui vous hante ?
Chaque scène de Salò ou les 120 journées de Sodome, de Pier Paolo Pasolini.
Vous dirigez un remake ? Lequel ?
Le premier court métrage que j’ai réalisé tentait de réitérer une expérience avortée. Les tentatives de films suivantes ne font que viser une forme plus juste à la nécessité compulsive de défaire pour refaire. La suite sera un bégaiement inéluctable, ou ne sera pas.
Le film que vous avez le plus vu (en salles ou à la télé) ?
Mes addictions sont d’un autre ordre, physiologiques. Le souvenir de films aimés me suffit. Je ne revois que les autres pour me vider la tête quand nécessaire. Ils ont un pouvoir anesthésiant qui les rend utiles, aptes à être réutilisés.
Qui ou qu’est-ce qui vous fait rire ?
L’inéluctabilité de l’échec. Pour cela, je crois que la décence est dans la capacité à ne pas renoncer.
Un rêve qui pourrait être un début de scénario ?
«On ne fait plus attention aux rêves, ils ne veulent rien dire», dit la voix malade de C., dans le film que je tente d’achever.
Votre vie devient un biopic. Qui dans votre rôle ? Et qui derrière la caméra ?
Je m’épuise dans un aller-retour incessant entre ces deux positions. Je m’applique à vivre à la h