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Libération
Critique

Verso spatial

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Tête-bêche. Voyage sous forme d’allers-retours renversants aux quatre coins du globe.
Moteur, ça tourne. (Photo DR)
publié le 5 mars 2013 à 19h06

Dans le pays des merveilles imaginé par Lewis Carroll, la petite Alice se demande si elle va traverser la Terre d'un bout à l'autre : «Cela sera rudement drôle d'arriver au milieu de ces gens qui marchent la tête en bas ! On les appelle les Antipattes, je crois.» Traverser la Terre, passer en son centre et ressortir quelques milliers de kilomètres plus bas, c'est avec cet axiome géographique que Victor Kossakovski a ficelé un théorème poétique magnifique, une déambulation verticale, horizontale et diagonale, qui fait fi des lois de la pesanteur cinématographique.

Avec Vivan las Antipodas !, le réalisateur russe s'amuse à nous retourner le cerveau en nous traînant entre quatre couples d'antipodes : Argentine-Chine, Nouvelle-Zélande - Espagne, Botswana-Hawaï, Chili-Russie. Ces allers et retours lèvent le voile sur nos «antipattes», sur ce qu'ils font, sur leurs rêves ou la couleur de leur solitude. En Argentine, les frères Perez gardent un pont mobile à Entre Rios, coin paumé où le ciel se pare de couleurs surnaturelles. Les automobiles passent, eux restent, bravant les orages, l'ennui, l'immobilisme.

De l’autre côté de leur tunnel, la ville de Shanghai où les voitures roulent sur le capot, les cyclistes pédalent sur la tête et où le flot humain est si dense qu’il donne la mesure du trésor des Perez. Eux ont l’espace, la nature, le silence, toutes choses que les Chinois de la mégapole ne goûteront plus jamais.

Condors. Le mo