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Critique

«Mystery» : Chine extérieur de richesse

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Bling-bling. «Mystery», enquête acerbe sur la violence de la nouvelle bourgeoisie chinoise, ultracapitaliste, consumériste et meurtrière.
Yongzhao (Qin Hao). (Photo DR)
publié le 19 mars 2013 à 19h06

Dans Mystery, du Chinois Lou Ye (Suzhou River en 2000, Une jeunesse chinoise en 2006, Nuits d'ivresse printanière en 2009), il pleut beaucoup. Et plus précisément sur Wuhan, mégalopole du sud-est du pays soumise, en été, à des moussons torrentielles. Cette insistance à cadrer la pluie jusqu'à en faire un élément crucial de la fiction, instille le sentiment que Mystery est un documentaire sur des précipitations qui ne sont pas que météorologiques. Précipitation du filmage, où la camera portée file le train des acteurs avec une célérité parfois dure à suivre. Précipitation du montage, dont la saccade amplifie l'impression de fuite panique. Enfin, précipitation de l'histoire : un homme, deux femmes, un adultère.

Carambolages sentimentaux

Yongzhao, trentenaire nanti, mène une double vie entre son épouse officielle et une de ses maîtresses. Avec la première, une petite fille. Avec la seconde, un petit garçon. Croisement des parallèles et carambolages sentimentaux. Mystery se résumerait à ce seul canevas qu'il faudrait chercher la traduction en chinois de «bâillements profonds». Mais plusieurs indices suggèrent que cette histoire d'adultère n'est pas tant un prétexte qu'une superficie nécessaire. Mystery est mystérieux comme une couche de glace où l'on croyait pouvoir patiner en toute quiétude mais qui, peu à peu, se fendille puis rompt, nous entraînant vers des abysses insoupçonnés.

Pour preuve, la scène d’o