Djeca est un film bosniaque, mais, pour parvenir à le financer, il a été nécessaire d'aller chercher des subsides complémentaires aussi bien en France qu'en Allemagne et en Turquie. La réalisatrice Aida Begic sait qu'elle est une exception dans un pays qui ne produit guère plus que deux à trois films par an. La crise financière mondiale est venue frapper un pays ruiné et en pleine reconstruction après le siège de Sarajevo qui a pris fin en 1995 avec la signature des accords de Dayton. Des sommes considérables ont été dépensées pour reconstruire ou restaurer ce qui avait été bombardé, mais les 13 000 morts (dont 1 600 enfants) sont des fantômes qui hantent encore les rues d'une capitale où se concentrent les crispations ethniques et les disparités de classes.
Arrêt de mort. Djeca («enfants», en bosniaque) raconte sous la forme d'un portrait de jeune femme orpheline, soutien de son jeune frère, le style de vie que l'on mène dans une société détruite. Rahima (Marija Pikic), 23 ans, fait la cuisine dans un bar-restaurant clinquant tenu par un patron irascible. Elle a sorti de l'orphelinat Nedim (Ismir Gagula), 14 ans, qui va au lycée où il est maltraité par une bande de gamins, dont le fils d'un ministre. Un jour, Nedim lui casse son iPhone et Rahima est convoquée par la directrice, qui lui demande d'offrir un nouvel appareil à la victime. Une babiole qui lui boufferait trois mois de salaire. Les ennuis s'accumulent et Aida