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Libération
Critique

«Les garçons de la bande»: homos erectus

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Vintage. Retrouvailles avec «les Garçons de la bande», premier film gay «normal».
(Photo DR)
publié le 19 mars 2013 à 19h06

Pour mesurer l'importance historique des Garçons de la bande, il n'est pas nécessaire d'avoir été jeune au début des années 70, mais ça aide. Le gay Paris de l'époque est un enfer cafardeux où la clandestinité est la règle et la visibilité hurlée par quelques pionniers (ceux du Front homosexuel d'action révolutionnaire, en particulier), une utopie. Mais voila que, circa 1973, la rumeur court qu'on peut voir dans une salle du Quartier latin, un film «outrageous», un film pour «nous». Certes les films de Warhol, mais à la Cinémathèque ; certes le porno, mais archi-clando. C'est donc excités comme des morpions et un rien pétochards que nous allâmes, en compagnie exclusivement masculine, aux Garçons de la bande, film «normal» puisqu'autorisé par la censure.

En raison de l'aspect «bande» du titre, on y espérait un brin de cul. Qui ne viendra pas. L'histoire est celle de six pédés new-yorkais réunis dans l'appartement confortable de l'un d'entre eux pour fêter l'anniversaire de Harold, qui se définit lui-même comme «une vieille tante juive et défoncée». Le surgissement d'un hétéro va contrarier la folle ambiance. La projection se déroula par contre dans un silence de glace, n'étaient quelques cris suraigus qui saluaient les répliques hardies, notamment celles d'une scène de ménage à base de brosse à dents. Comme aux Etats-Unis où il était sorti en 1971, le film fut attaqué par la pédale militante qui jugea qu'en appuyant sur le champignon de la névrose in