Solveig Anspach est-elle folle ? Oui, mais pas plus que nous. Est-elle cinéaste ? Oui, mais beaucoup plus que nous. C'est cette qualité surnuméraire qui fait de son nouveau film une ciné-folie de première. Une folie comme on l'entendait architecturalement au XVIIIe siècle quand, en marge des châteaux, il s'agissait de construire au fond du parc des pavillons de plaisir, propices aux partouzes ou aux conversations philosophiques, les unes n'excluant pas les autres.
Sauf qu'ici, le parc est plutôt une déchetterie, et le pavillon, un pavillon de banlieue, à Montreuil, commune limitrophe et un peu limite de l'est parisien. Agathe (Florence Loiret-Caille, nickel), la trentaine, y revient après des vacances un peu particulières, partie à l'étranger pour récupérer les cendres de son mari, mort dans un fâcheux accident de mob. Pourquoi pense-t-on alors au Solex de monsieur Hulot dans Mon oncle ? Parce que Anspach filme comme assise sur le porte-bagages de Tati : même humour et amour des personnes qui sont des personnages, même façon de carburer au frappadingue.
Queen of Montreuil est une fantaisie composite, un bazar zoulou où l'on peut chiner à sa guise : un duo d'Islandais (mère allumée et fils sage) en rade à Roissy suite à la faillite de leur compagnie aérienne, un grutier jointé, un gérant de laverie qui fait aussi place Net, un passant qui toque chaque jour à la fenêtre de la cuisine pour guigner 5 euros (en fait 6, c'est pour ses clopes), une robe d