Le documentaire, du moins celui qui est présenté chaque année au festival Cinéma du réel, n’aime pas les trains qui partent à l’heure ni les décors mille fois filmés. Ses territoires de prédilection sont ceux qui ne sont jamais éclairés, ou alors le moins possible, peuplés d’anonymes dont le sort généralement peu enviable est voué aux oubliettes.
Mendiant. L'édition 2013 de ce festival créé en 1978 ne déroge pas à ses règles et va explorer les étouffantes forêts du Venezuela (Fiebres, d'Adrien Lecouturier) où des orpailleurs mettent la région à sac, les jolis rivages des Açores où des centaines de clandestins ont été expulsés d'Amérique, trente ans après leur installation au pays du rêve (Deportados, de Nathalie Mansoux), le Bangladesh où le quotidien des familles consiste à reconstruire encore et toujours leur maison détruite par les catastrophes naturelles (Are You Listening ?, de Kamar Ahmad Simon) ou encore les faubourgs sombres de La Nouvelle-Orléans, une des rares métropoles américaines où la contre-culture frappe à chaque coin de rue, entre un musicien mendiant et un zombie défoncé à la meth (Tchoupitoulas, de Bill et Turner Ross).
Au programme de cette année, le plaisir de croiser le travail de quelques célébrités comme Joris Ivens, Raoul Ruiz, Patricio Guzman, Roberto Rossellini, Chris Marker ou Sergei Loznitsa, documentariste ukrainien devenu une valeur sûre du Festival de Cannes (My Joy