Jean, le personnage des Nuits fauves, disait : «Quand on arrête de chercher, on meurt.» Hier matin, Cyril Collard a cessé de chercher. De nouveau, le sida a gagné la guerre. Après nous avoir fait croire, un instant, le temps d'un film, dans le bonheur qui a accompagné son formidable succès tout au long de cet hiver, que, par mesure de faveur, la maladie ferait pour une fois une exception. C'est sa traîtrise coutumière, mais on ne s'y fait heureusement pas. L'habitude, il ne manquerait plus que ça ! La résignation, ce serait le pompon.
Cyril Collard avait 35 ans, c'est effroyable, il y a mort d'homme. Pourtant, quand on connaissait un peu Collard, quand on avait lu ses romans, vu ses clips, son téléfilm Taggers, et enfin ses Nuits fauves, on ne disait pas, on ne pensait pas que Cyril Collard était un homme, au sens où l'idéologie biologique le conçoit. Tel qu'il nous est pour la première fois apparu, il y a une dizaine d'années, à la fois dans la fiction d'A nos amours de Pialat, où il jouait un des amants de Sandrine Bonnaire, et dans la réalité du Festival de Cannes, où il épaulait le service de presse de Claude Davy, Cyril était, et demeura à jamais, un «garçon» au sens italien de ce terme, un de ces raggazi bien aimés par Pasolini : flamboyant, chien fou, noceur, déconneur, irrésistible. La nuit, dans la bagnole, à toute vitesse, avec la musique à fond. Un emblème de jeunesse. Mais sa séduction transgressait de beaucoup