Les enfants conduits de force par leurs parents à toutes sortes de sadiques activités d’éveil (poterie, piano, langues orientales, voire, pire, du sport) savent bien que l’oisiveté n’est pas la mère de tous les vices. S’ils en avaient le loisir, ils gaspilleraient sans y réfléchir leurs chaudes après-midi de vacances campagnardes à jeter des cailloux dans une rivière, à se rouler dans l’herbe sèche ou à torturer des fourmis. Cet éloge de l’ennui est le cadre du premier long métrage de Gilles Martinerie, solide routard du cinéma français qui a travaillé, entre autres, sur des tournages de Ferran, Mazuy, Assayas, Jacquot…
Torgnoles. Il filme, dans la lumière poussiéreuse d'un été agonisant, le glandouillage teinté de sourde angoisse de deux frères qui, bientôt, seront séparés. L'aîné, Xavier, une petite quinzaine d'années, est un écorché vif à qui le père, veuf et sévèrement porté sur la bouteille, fait porter la responsabilité de sa déchéance à coups de torgnoles et de formules vipérines. Le plus jeune, Jacques, 12 ans, est un gamin brillant qui, à la prochaine rentrée scolaire, sera conduit dans une école spécialisée qui saura exploiter ses dons.
Pour quelques jours encore, il est surtout l'ombre indissociable de ce grand frère turbulent qui, faute d'avoir appris comment dire les choses les plus simples, multiplie les conneries pour que quelqu'un s'intéresse à lui. Et l'ennui, «la lassitude du monde, le malaise de se sentir vivre, la f