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Libération
Critique

Des «voisins de dieu» en Torah Minée

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Rédemption. Les errances, entre religion et violence, de trois jeunes de Tel-Aviv.
publié le 26 mars 2013 à 19h36

C’est vendredi soir, début du shabbat, jour du repos, à Bat Yam, ville populaire de la banlieue de Tel-Aviv, et ça va chauffer. Avi prie à haute voix, penché sur son grand-livre, dans sa petite chambre. Mais dehors il y a ces Russes, avec leur bagnole et la sono à fond, qui éclusent des bières et de la vodka avec des filles. Avi a la vingtaine, ses potes aussi, Kobi et Yaniv. Il est jeune, oriental et religieux, comme eux, cheveux noirs, barbe courte, kippa.

Le jour, il vend des légumes ; la nuit, il compose des jingles sur des versets de la Bible qui font un tabac chez les jeunes qu'il retrouve dans la petite synagogue où il va étudier avec ses deux copains… Tous les trois jouent les caïds, «les surveillants» - c'est le titre du film en hébreu, Ha Mashgikhim, qui désigne les rabbins veillant à la cacherout, le code alimentaire hébraïque. Surveillants musclés. A coup de batte, de bâton, et de couteau, les Russes vont dérouiller. Et aussi le type qui vend des DVD porno, et les Arabes qui viennent de la toute proche Jaffa les insulter, et ceux qui graffitent des croix gammées. Quant à la jolie Miri aux longs cheveux noirs et au petit short moulant pas du tout orthodoxe, elle a intérêt à se couvrir fissa. Elle va faire chavirer Avi.

Film fort et déroutant que ce premier long métrage du jeune Israélien Meni Yaesh, joué à grande vitesse, tourné en quinze jours, servi par un formidable jeu d’acteurs - dont Roy Assaf (Avi) et Gal Friedman (Kobi) - tous venus de Bat Yam, comm