La musique au cinéma, c'est comme la «petite phrase» de Vinteuil : quelques notes qui incarnent et attisent la totalité du film. Cette puissance méritait bien qu'on l'inspecte à fond dans un beau livre, Musique & Cinéma, ouvrage collectif dirigé par N.T. Binh, en appui à l'exposition du même nom, actuellement en cours à Paris à la Cité de la musique.
Dans sa contribution, Binh file la métaphore du couple, qui n’est pas la pire : l’histoire du cinéma est ponctuée d’anecdotes où, entre un cinéaste et un compositeur, le coup de foudre le dispute au divorce, le couple fusionnel au mariage de raison.
Partition. Cas d'école d'une de ces liaisons passionnelles : Alfred Hitchcock et Bernard Herrmann (huit films ensemble). Que serait la scène de la douche dans Psycho sans le fameux «zing-zing» d'Herrmann ponctuant les coups de couteau ? Une forte image mais pas une image forte. Que serait la musique de Herrmann sans le visage hurlant mais muet de Janet Leigh ? Une partition inachevée. Ce qui n'empêcha pas Hitchcock de réfuter le travail de Herrmann pour le Rideau déchiré au profit d'une partition bien plus mémère de John Addison.
Musique & Cinéma est divisé entre trois grands blocs. La musique avant, pendant et après le film. Ce découpage pédagogique permet de visiter toutes les singularités de la «conjugalité» ciné-musique. La manière dont une musique préexistante, souvent empruntée aux géants «c