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Libération
Critique

«Los Salvajes» : les évasions barbares

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Cinq adolescents hors-la-loi se perdent dans l’immensité d’un paysage magnifique et dangereux. Le premier long métrage du jeune Argentin Alejandro Fadel.
publié le 26 mars 2013 à 19h36
(mis à jour le 27 mars 2013 à 10h25)

«Cinq personnages voyagent sur plus de 100 kilomètres, traversent la campagne argentine entre les provinces de Córdoba et San Luis, des montagnes basses, flanquées de végétation éparse qui ouvrent rapidement sur des champs désertiques, le cours d'une rivière…» explique Alejandro Fadel dans une note d'intention. Au début, nous sommes dans une prison pour adolescents. Les matons, en civil, font la prière avant le repas. Les ados se jettent à la volée des coups d'œil sournois. Très vite, la situation s'échauffe, deux types finissent sur le carreau, tués à bout portant, quatre garçons et une fille prennent le large.

Ce club des cinq fugitifs, on s'attend à les suivre au gré d'un récit de course-poursuite à la fraîche, neo-Badlands en pays gaucho. Mais personne n'a vraiment l'air de traquer les évadés et eux-mêmes ne cherchent à échapper à qui que ce soit. Ils avancent, pèlerins de l'inutile, parce qu'il faut marcher, aller de l'avant, d'une prairie à l'autre, de vallées en pampas, de moins en moins sûr du but, poussé par le vent de l'irréversible, à la recherche d'un point d'eau, ou d'un mirage à traverser.

Avant de découvrir Los Salvajes, on n'avait jamais prêté attention à Alejandro Fadel. Pourtant, cet Argentin de 32 ans né de parents agriculteurs à Tunuyán, dans la province de Mendoza, a déjà cosigné plusieurs scénarios pour Pablo Trapero (Leonora, Carancho, Elefante Blanco) et réalisé plusieurs courts métrages (son premier date de 1999,